La situation actuelle que nous vivons à l’échelle globale nous invite à réfléchir sur le monde que l’on souhaite construire une fois que la pandémie sera passée.
Le monde n’est plus le même. Depuis que la pandémie a été déclarée, nous vivons dans un autre monde, qu’on le veuille ou non. Hormis un nombre très limité de personnes, la plus grande majorité d’entre nous n’avons jamais vécu de pandémie. Et la dernière pandémie vécue est survenue dans un monde bien différent : post-guerre mondiale, sans l’évolution technologique actuelle, sans même le cadre géopolitique actuel (près de 200 Etats indépendants devant s’organiser pour gérer un problème qui dépasse les frontières).
Le monde est donc différent et il est évident que nous ne reviendrons plus à l’ancien « normal ». Un nouveau « normal » va s’établir, petit-à-petit, nous allons retomber dans une nouvelle routine, un nouveau confort. C’est ainsi que fonctionnent nos sociétés.
Un nouveau « normal » va s’établir, petit-à-petit, nous allons retomber dans une nouvelle routine, un nouveau confort. C’est ainsi que fonctionnent nos sociétés.
La question à se poser à présent, et avant même que la crise ne soit finie, est celle-ci : quel normal voulons-nous ?
Nous pouvons en effet laisser les choses se faire par elles-mêmes. Mais soyons conscient que, lorsque l’on dit « par elles-mêmes » on parle en fait de ceux qui sont déjà en position de pouvoir et de décision. La nature a horreur du vide, et encore moins dans nos sociétés humaines ou l’élément de nature est ici la culture, les modes de vie et d’organisation.
Dès lors, si vous êtes de ceux qui, comme moi, pensent que, malgré la tragédie humaine à laquelle nous assistons, cette crise est une occasion de lancer des dynamiques nouvelles, alors c’est maintenant qu’il faut agir.
Il ne s’agit pas ici de dire que c’est un signe envoyé par la planète, l’Univers ou quel que soit le nom que l’on donnerait à cette situation et à la dynamique qui s’en suit. De façon plus pragmatique, il s’agit juste de ce dire : c’est notre occasion pour réfléchir, donner un sens très humain à tout cela, et s’assurer que nous apprenons de nos expériences.
Et c’est le principe de cette série d’articles que nous démarrons aujourd’hui, dont voici la première teneur…
Vous avez très certainement noté que dans de nombreux Etats à travers le monde, les militaires ont été appelés en renforts : que ce soit pour participer au contrôle du confinement en partie mais aussi, et bien plus souvent, pour participer à l’effort sanitaire en construisant des hôpitaux de campagnes, en participant au transfert des malades.
De par la nature même de son métier, l’armée est d’une grande efficacité pour improviser, s’adapter et pour s’organiser dans des situations difficiles : il est en effet nécessaire, sur les théâtres d’opération, d’être capable de fournir l’avitaillement et les soins nécessaires pour garantir le bon état physique et psychique des soldats et leur permettre de disposer des équipements nécessaires.
Ceux qui sont férus d’histoire se rappelleront que c’est cette capacité à ravitailler la ligne de front efficacement qui a permis à l’armée française de reprendre le dessus sur les allemands pendant la première guerre mondiale.
Plus récemment, très souvent les militaires sont intervenus pour des actions humanitaires : assistance aux populations victimes de famines, de catastrophes naturelles. Et des unités spécifiques, avec statut militaire, ont été créées : protection civile en France, garde nationale aux Etats Unis…
Les menaces d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. La pandémie actuelle nous ouvre clairement les yeux sur la réalité d’aujourd’hui : les menaces sont désormais naturelles.
Face à cela, un autre constat doit être fait : les menaces d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. La pandémie actuelle nous ouvre clairement les yeux sur la réalité d’aujourd’hui : les menaces sont désormais naturelles. Des pandémies aux évènements climatiques, nous luttons plus contre ces situations là que contre d’autres Etats, d’autres armées.
Certes des conflits armés existent toujours, et se déclenchent toujours. Mais de plus en plus, les menaces sont naturelles. Et il appartient à l’humanité de lutter ensemble contre ces nouvelles menaces.
D’ailleurs, ce n’est pas anodin si la plupart des chefs d’Etats ont utilisé des vocabulaires martiaux pour préparer les populations aux mesures de confinement. La menace a changé… Mais la façon de la gérer reste confinée aux anciennes méthodes.
Et les militaires, bien qu’efficaces en situation de désastre humanitaire, restent focalisés sur leur mission initiale : lutter contre des menaces inter-étatiques ou de guerrillas.
Alors la question à se poser aujourd’hui, à l’aune de cette pandémie, est celle-ci : et si l’on changeait notre vision de la force étatique et, notamment, de la force militaire ?
Un adage bien connu dit : « Si vis pacem, para bellum ». Ou : qui veut la paix prépare la guerre. Cette axiome des stratégies de défenses de tous les Etats part du postulat que plus un Etat à une armée de grande taille, plus ses ennemis réfléchiront à 2 fois avant de l’attaquer. Entraînant dès lors une situation de paix de facto, mais pas de paix réelle.
Car, au final, reste toujours au-dessus de ces sociétés l’épée de Damoclès d’un gouvernant irresponsable qui prendra ce risque. Dès lors, cet adage n’est pas générateur de paix, il est générateur d’une situation de non-conflit. Ce qui est bien différent de ce qu’est la paix.
La paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une situation active dans laquelle les différents ensembles humains collaborent efficacement et positivement pour aider chacun à se développer de façon raisonnée et en respectant les droits des uns et des autres. Ce n’est ni une course aux armements ni une compétition féroce gagnée par le plus fort ou le plus virulent (oralement, économiquement, politiquement ou militairement).
Face aux nouvelles, menaces, ne serait-il pas pertinent de dire : « si vas pacem, para pace», « qui veut la paix prépare la paix ».
Face aux nouvelles, menaces, ne serait-il pas pertinent de dire : « si vas pacem, para pace», « qui veut la paix prépare la paix ».
Et les solutions existent déjà pour engager ce mouvement de paix réelle et non pas d’absence de conflit. Le Japon l’a mis en place (un peu contraint et forcé) en 1945 !
A la fin du conflit mondial, les Etats-Unis sont devenus puissance administrante du Japon et ont imposé au gouvernement japonais la mise en place d’un article spécifique dans la nouvelle Constitution japonaise, l’article 9 : « Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.
Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu. »
Cet article oblige le gouvernement japonais à limiter son « armée » à des activités de défense uniquement. Empêchant l’ancien Empire du soleil levant de disposer de quelconques envies conquérantes.
Cet article, et notamment son premier alinéa, appellent clairement à une situation de paix. Malheureusement, le Japon connaît un mouvement politique qui souhaiterai tendre à la suppression de cet article. Le 1er ministre actuel, Shinzo Abe, étant un ferme avocat de cette suppression.
A l’aune d’une période de l’évolution humaine où nous aurons plus à affronter des évènements naturels plus que des guerres étatiques, ne serait-il pas raisonnable de chercher à développer cet article globalement au lieu de chercher à le faire supprimer ?
Pourquoi ne pas engager un mouvement global visant à l’insertion dans toutes les constitutions d’un tel article 9, qui pourrait s’accompagner d’une réforme en profondeur des forces militaires vers leur transformation en forces humanitaires, déployables efficacement et rapidement pour assister des populations en détresse face à des menaces existentielles qui nous concernent toutes et tous ?
Pourquoi ne pas favoriser une recherche militaire qui développeraient des outils efficaces d’assistance aux populations plutôt que des armements sophistiqués ?
Pourquoi ne pas favoriser une recherche militaire qui développeraient des outils efficaces d’assistance aux populations plutôt que des armements sophistiqués ? L’attrait technologique d’outils humanitaires n’en serait pas moins intéressant. Pensons à ces petits robots capables d’intervenir en milieu NBC (Nucléaire, Bactériologique, Chimique), ou des drones permettant d’identifier des survivants en milieu isolés ? Ou des sous-marins dédiés à l’analyse et à la surveillance des fosses abyssales pour suivre les mouvements tectoniques?
La frénésie d’innovation souvent liée à ce fameux « complexe militaro-industriel » qui brasse des trillions de dollars dans le monde, ne pourrait-elle se faire pour en bénéficier à tous et non pas qu’au plus fort et à celui qui a le plus de muscles ?
Et, après tout, une partie de ces budgets pourraient également être réattribués aux secteurs qui s’avèrent désormais essentiels : la recherche, la santé, l’éducation… Des secteurs qui participent à véritablement créer de la paix et non à prévenir la guerre !
Sachons comprendre aujourd’hui que le COVID-19 est un signe, encore un s’il était nécessaire, que les menaces auxquelles nous faisons face ne sont plus celles d’avant et qu’il faut cesser rapidement de vivre dans le mythe des grandes batailles d’antan, l’humanité n’ayant plus le temps de jouer au soldat mais ayant le devoir de coopérer pour participer à la lutte contre les évènements à venir.
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